4e Dimanche du Carême - 2021
4e Dimanche du Carême - B -
2021
De dimanche en dimanche, Dieu nous rejoint pour nous dire qui il est. Il se dit dans sa création et dans l’alliance qu’il conclut avec les humains de toute la terre. (L’épisode de Noé) Il se dit dans sa Parole qui l’engage tout autant qu’elle nous engage à le suivre. (L’épisode des tables de la Loi) Il se dit dans son Fils bien-aimé avec qui il est unit en un seul corps avec l’Esprit Saint. (L’épisode de la transfiguration)
Aujourd’hui, Jésus, le Fils de Dieu, établit la liberté comme la langue de communication entre Dieu et l’humanité, entre Dieu et nous. La plupart d’entre vous avec connu comme moi le langage de la peur pour stimuler la vie de foi et la vie morale des croyants et des croyantes. Toujours, il y avait le jugement de Dieu pour nous inciter à rester dans le “droit chemin”, chemin tracé par l’Église. La peur de l’enfer ou d’un séjour plus long dans le purgatoire, la peur d’être rejeté par Dieu si on ne suivait pas ses voies, la peur était pour ainsi dire le carburant de la foi et l’incitation à aimer Dieu.
En préparant cette homélie, il m’est revenu cette anecdote personnelle. Une semaine après mon ordination, une paroissienne m’apostrophe, à peu près dans ces termes. “Je vois que vous allez être un prêtre à la mode (!) Mais c’est à cause de prêtres comme vous qu’il n’y a presque plus de monde à l’église. Vous ne faites plus peur aux gens et ils se croient libres de ne plus venir à la messe ! Faites-leur peur et ils vont revenir.” Je lui ai alors demandé si elle aimait son mari parce qu’elle avait peur de lui...
Il y a 34 ans de cela. Et parfois, j’ai le sentiment de ne pas avoir convaincu grand monde que la peur de Dieu n’a pas raison d’être dans notre Église.
Et pourtant ! Jésus dit: “Dieu a tellement aimé le monde.” “Tellement”, c’est à quel point ? C’est au point de donner son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.” Il est venu non pour juger, mais pour sauver. L’Évangile n’est pas une mise en garde: attention, vous allez périr ! Non, l’Évangile est une nouvelle qui suscite la liberté. Liberté de choisir, comme le dit saint Jean, entre la lumière et les ténèbres. Le choix, excusez le jeu de mots, est lumineux. Dieu, c’est l’être le plus libre qui soit. Et vous savez quoi ? Dans sa liberté, il a choisi, lui, d’entrer dans les ténèbres pour sauver ceux qui s’y trouvent. Il a choisi les ténèbres comme on choisit le plus faible de nos enfants pour lui donner le plus de soins possibles.
La lumière est venue et vient toujours dans le monde pour nous inviter à la liberté, c’est-à-dire, pour nous inviter à choisir le bien, ce bien qui se concrétise dans le don de soi aux autres et à Dieu.
Faire la vérité, autre expression chère à saint Jean, c’est avoir le courage de choisir librement de se donner pour le bien commun, pour la réalisation du règne de Dieu. Jésus ne vient pas pour appliquer un châtiment, une peine, une sentence. Jésus vient pour nous inviter à irradier la lumière même de Dieu comme lui le fait. C’est pour ça que nous sommes nos propres juges. “Celui qui ne croit pas est déjà jugé.” Dans notre liberté, nous assumons nos choix de participer à la vie et à lumière de Dieu ou de demeurer dans la nuit du péché qui a fait basculer le monde au début de la création: le péché d’égoïsme. L’amour est dans la lumière, l’égoïsme est dans la nuit.
Il n’est donc plus question d’être mû par la peur, la crainte d’une punition. Il est question de choisir d’ouvrir nos coeurs à Dieu et à nos prochains. Ce faisant, nous transmettons la lumière et l’AMOUR de Dieu lui-même. Ce faisant, même sans connaître Jésus, nous participons à sa lumière et à son amour.
C’est vers ce Dieu que nous nous acheminons durant ce Carême. Il nous attire déjà par sa croix où le Fils et le Père sont unis dans le don de la vie aux humains que nous sommes. Au matin de la résurrection, nous annoncerons que cet amour, cette lumière a eu et a toujours cette puissance de révolutionner le monde pour vaincre le mal et la mort.
Yves